La pauvre histoire d'un chêne réduit au pugatoire
Comme les marins disparus en mer, nul ne sait s'il est mort ou s'il est vivant,
nul ne sait s'il est réceptionné ou non par la collectivité compétente sur les itinéraires de randonnée locaux de la Vallée d'Aspe...
Seules ne restent comme des bouteilles dans une mer d'incompréhension les données EXIF des photos numériques attestant de l'heure et même de la seconde du naufrage.
Avant d'ouvrir une de ses précieuses bouteilles, collez votre oreille contre le bois de votre arbre préféré, après vous pourrez tout à loisir consulter ses fameuses données EXIF en faisant un
clic droit sur les propriétés de chaque image téléchargée et en activant l'onglet "métadonnées".
Premier acte : la tempête Xynthia dans la nuit du 27 au 28 février 2010, première victime devant la porte de votre serviteur, le gros acacia où nichaient une palanquée de merles moqueurs.
Les pompiers tout proches s'en sont vu pour le déblayer car il bloquait la sortie de la caserne...
Deuxième acte : constatation des dégâts le 15 mars 2010 sur le Chemin de l'Ardoisière entre Bedous et Aydius. Un gros chêne s'est bloqué en travers du chemin dans un méli-mélo de branches cassées.
Troisième acte : début de solution avec deux grosses branches en moins le 7 juin 2010.
Quatrième acte : la loi de Newton a parlé, le gros chêne a été attiré par la terre, heureusement personne dessous, si ce n'est quelques jolis rochers instables ayant précédé la chute du tronc et de la souche qui s'est décrochée à son tour de la pente en amont, au beau milieu du Chemin de l'Ardoisière, l'obstruant pour de bon. Votre serviteur vint à repasser un peu plus tard le 12 juillet 2010.
Le film est arrêté : on attend le dénouement : votre serviteur passa le 20 juillet 2010 sans voir trop de différence...
Va-t'il sortir de sa létargie d'un hiver ? : rien n'est moins sûr le 12 mars 2011.
Le printemps est déja bien entamé : pourtant le chêne dort d'un profond sommeil le 6 juin 2010 au matin, alors que se prépare une ouverture des plis l'après-midi notamment au sujet des chablis. Un frisson imperceptible rampe sous son écorce, serait-ce le dernier jour d'attente ?
L'été est déja bien entamé : le chêne commence à faire des cauchemars de princesse au bois dormant, le Prince Charmant a pris bien du retard, un vrai Pau-Canfranc...
L'automne est presque trépassé : le chêne est parti pour "s'entuter" un hiver de plus...
A deux doigts du Nouvel An, ...rien de nouveau, la Vallée meurt à petit feu.
Avec les lamentations de ceux qui ont toujours subi.
Avec les compromissions de ceux qui en profitent encore.
Avec la bénédiction des hommes de pouvoir qui immobilisent l'avenir...
Le cinquième acte, vous y croyez vraiment ?
Seule une petite musique pourra le sauver,
une vraie réception,
une honnête réception,
une juste réception...